Au printemps 2008, une discussion avait été ouverte dans le forum de la Cour d'Obéron, en débriefing d'un de nos habituels concours de scénarios. Il s'agissait, pour les participants à ces concours qui le voulaient bien, d'exposer les cheminements respectifs qui le conduisaient des premières idées sur un scénario jusqu'au produit final.
J'avais profité de cette discussion pour exposer les cogitations qui avaient présidé à l'écriture de mon scénario 18e amendement, un scénario générique dans une ambiance de l'époque de la Prohibition. Et je vais recycler ici une partie de cette présentation, en espérant que cet exposé d'un cas particulier pourra trouver un écho dans l'intérêt des lecteurs de ce blog.
C’est un exemple d’écriture d’un scénario avec contrainte de cadre - le thème et l’élément -, mais sans autres contraintes lourdes. Dans les concours de la Cour, il n’y a pas d’obligation d’écrire pour tel jeu ou tel autre, pas de limite formelle sur le nombre de signes, pas d’obligation de donner les caractéristiques chiffrées des PNJ, etc.
C'est donc un exercice assez différent de ce que peut être, par exemple, l'écriture d'un scénario de commande pour un jeu particulier pour un magazine ou un zine de JdR, ou pour un concours plus formel dont les scénarios sont destinés à être publiés, souvent avec une contrainte forte sur le nombre de signes.
L'art du recyclage
Comme vous l'aurez sûrement remarqué en lisant ce blog, je crée très rarement un scénario à partir d'idées fortes personnelles. Je suis plutôt un « recycleur », je m'inspire directement de choses créées par d'autres et qui m'ont séduit : la trame d'un polar, les décors d'un film, un personnage incarné par un acteur, un fait divers etc. Parfois je recycle une seule œuvre pour un scénario, parfois j'en mêle plusieurs, avec plus ou moins de bonheur.
Les jalons de calendrier
J'avais écrit ce scénario pour le 18e concours de scénario de la Cour, qui avait été ouvert en juillet 2007 sur le thème « un commerçant extraordinaire » et devait inclure l'élément « une impasse mexicaine ». J’ai déposé mon scénario dans le forum le 24 septembre 2007, soit deux mois et demi plus tard. Ce temps d'écriture, relativement long pour un scénario de ce format (il m’arrive d’écrire bien plus vite que cela, pour des textes de la longueur de mes scénarios des concours de la Cour), a été principalement dû au fait que j’ai mis du temps à trouver un univers de JdR dans lequel m’ancrer pour l'écrire.
Premiers contacts avec le thème et l’élément
Pour ce concours, le thème m’a rapidement inspiré, j’imaginais ce « commerçant extraordinaire » comme quelqu’un faisant des affaires en achetant/vendant des biens ou des services sortant de l’ordinaire.
Pour l’élément, j’ai patiné un peu plus longtemps, m’étant un peu trop enfermé dans le côté cinématographique de « l’impasse mexicaine », le genre de situation de blocage où il ne peut y avoir ni gagnant ni perdant, voire le risque d’une annihilation mutuelle.
Tergiversations sur le choix de l’univers du jeu
Pour la plupart des concours de la Cour, le thème m’oriente assez vite vers un univers rôlistique préférentiel, compte tenu du fait que mes goûts en matière de JdR sont assez étroits.
Pour ce 18ème concours, en revanche, ça n’a pas été le cas, et je suis longuement resté indécis, allant vers ceci, puis vers cela, revenant en arrière, repartant dans une autre direction.
J'avais vraiment envie, au départ, du clin d'œil entre « 18ème concours » et « 18ème siècle ». Et Beaumarchais s'est tout de suite imposé comme mon « commerçant extraordinaire ». Mais je n'avais pas à trouver une façon satisfaisante de placer l'élément « impasse mexicaine ». Cela peut paraître saugrenu, vu que l'élément est finalement un point anecdotique, cependant, ça m'a réellement coincé.
J'ai donc passé en revue mes autres ambiances de prédilection en me demandant ce qui pouvait bien coller avec mon clin d'œil à « 18 ». L'époque de la Prohibition et son 18ème amendement ont finalement remplacé, pour ce concours, ma fixation pour le 18ème siècle.
Mes messages dans le forum ont été révélateurs de ces passage du coq à l'âne, avancées et retours en arrière :
(11juil07) Je compte bien en être.
Je n'ai pas encore d'idée spécifique, mais je tenterai peut-être de participer à ce XVIIIe concours avec un scénario XVIIIe siècle (je n'ai jamais pratiqué Berlin XVIII, je ne pourrai donc pas utiliser ce clin d’œil).
(08aou07) De mon côté, j'affine un peu mes idées premières. Je pense pouvoir écrire un scénario autour de Beaumarchais et de son entreprise « Roderigue Hortalez et Cie », destinée à camoufler les débuts de l'aide française aux Insurgents américains.
(14sept07) J'ai un peu changé mon fusil d'épaule, vu que je reste bloqué sans avancer dans ma première direction dix-huitiémiste, et j'ai une idée plutôt aztèque (la faute à « mexicaine » qui m'a fait penser aux Mexica).
(18sept07) Finalement, j'ai repris ma plume d'oie plutôt que de colibri, et j'avance sur un scénario dix-huitièmiste.
C'était un nouvel épisode de « Xaramis se gratte la tête pour participer au 18ème concours ».
(24sept07) Voilà, j'ai déposé mon scénario dans le fil de recueil.
Comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, j'ai finalement écrit un scénario dans une ambiance Chicago pendant la Prohibition, en utilisant le clin d’œil « 18ème concours / 18ème amendement ».
Sortez les costumes rayés, les Thompson à chargeur camembert, vos plaques d'agents fédéraux, et en avant la musique (jazz, bien sûr) !
A suivre...
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