dimanche 4 septembre 2011

Du côté des sorcières

Comme je suis peu doué pour inventer des aventures rôlistes de toutes pièces, je pioche mes inspirations dans des BD, des romans, des films. Et de préférence dans des sources d’inspiration qui ne sont pas trop connues, pour ne pas entendre la remarque tant redoutée, en plein milieu de l’aventure : « Ah, oui, c’est tiré de ce film-là, alors il ne nous reste plus qu’à... ».
Parmi ces mines d’inspiration méconnues de beaucoup de rôlistes (en tout cas, j’ai la faiblesse de penser qu’elles sont méconnues), la série de bandes dessinées de Daniel Redondo (dessin) et Gregorio Harriet (scénario), La marque de la sorcière (fiche Bédéthèque de la série). 


Une série malheureusement laissée en suspens après 5 tomes, publié en l’espace de sept ans et chez trois éditeurs successifs : La marque de la sorcière (tome 1, Dargaud, 1985), La louve (tome 2, Dargaud, 1986), Le roi des coqs (tome 3, Dargaud, 1988), L’ange déchu (tome 4, Les humanoïdes associés, 1990) et L’inquisiteur (tome 5, Soleil, 1992).

Cette série se déroule au début du XVIIe siècle, prenant naissance en Pays Basque au nord des Pyrénées, avant de passer en Navarre puis d’aller vers Saragosse. Les premiers tomes sont constituées par des histoires courtes, alors que les suivants sont bâtis sur une histoire unique. La série aborde des thèmes comme :
- les chasses institutionnelles aux sorcières qui ont eu lieu à cette période en Pays Basque (notamment celle menée par Pierre de Lancre dans la région de Bayonne en 1609) et les superstitions populaires, liées à ces supposés actes de sorcellerie. Les travaux des historiens d’aujourd’hui ont démontré que derrière ces chasses aux sorcières se cachaient des luttes d’intérêt, de pouvoir, de propriété foncière, des rivalités commerciales, etc. ;
- la question de la « pureté du sang » (l’expression espagnole, « limpieza de sangre » est encore plus dure, puisqu’elle signifie « propreté du sang »), devenue une sorte d’obsession dans la société espagnole du Siècle d’Or, où il importait de pouvoir démontrer sans l’ombre d’une doute que l’on était bien un « vieux chrétien », et qu’aucun Maure ou Juif ne ternissait son arbre généalogique ;
- la recherche de la vie éternelle par les alchimistes. Le tome 4, L’ange déchu, diffère en cela des quatre autres, car il incorpore une dose de surnaturel qui est absente des autres.

Les 5 tomes de la série offrent aux scénaristes de JdR des intrigues – courtes ou longues – dont l’adaptation ne constitue pas un défi majeur. J’ai tenté l’expérience de l’adaptation à partir de deux histoires courtes.
Pour l’une, je m’en suis tenu à une adaptation assez directe : j’ai gardé la trame quasiment telle qu’elle, j’ai conservé le décor géographique (Bayonne et le Labourd), et j’ai simplement avancé l’histoire de quelques années. Et je me suis retrouvé sans mal avec un scénario pour Te Deum pour un massacre : j’ai publié ce scénario, La lande du bouc, à l’occasion d’un concours amical dans laCour d’Obéron, et j’ai eu l’occasion de le faire jouer lors de la convention Gare aux Dragons à Bordeaux en 2010 puis lors d’une rencontre inter-clubs à Pau en mai 2011.
L’histoire en quelques mots
Bien décidée à mettre le grappin sur le riche négociant Martin Guyot (et sa fortune), Catherine de Paillet fait accuser son épouse Estebenote, de sorcellerie. Ignorant que c'est sa maîtresse qui organise cette accusation, Martin Guyot n'en est pas moins content de voir s'ouvrir cette perspective d'être libéré de son épouse.
Pour sauver l'accusée du bûcher, les PJ, qui sont par exemple ses parents ou ses amis, vont devoir mettre en lumière les manigances de l'intrigante et de ses complices.

Pour l’autre, j’ai gardé une bonne partie de la trame, mais j’ai transposé l’aventure loin de la Navarre, jusqu’au Japon, puisque j’en ai fait la base d’un scénario pour Tenga. Ce texte, Le fils chéri, écrit à l’occasion d’un autre concours amical dans la Cour d’Obéron, fera l’objet d’un développement en un scénario complet, à partir des remarques qui auront été faites dans le forum de la Cour et dans celui des éditions John Doe.
L’histoire en quelques mots
Le seigneur Shirô Tsuji veut marier son fils Satô à mademoiselle Tomiko, fille du seigneur Kazunori Shigeki. Mais le cœur de Satô penche pour une autre jeune femme, Sui, d’une catégorie sociale bien inférieure. Or, Satô n’est pas le fils de Shirô Tsuji ; il est en réalité le fils d’une femme de très modeste extraction, Haru, qui avait substitué son propre enfant à celui du seigneur Shirô Tsuji à la naissance, pour lui offrir un meilleur avenir. Haru est bien décidée à ce que son fils ne ruine pas le plan qu’elle avait échafaudé pour lui, et elle est prête à tuer pour cela.
Les PJ, pour la plupart étrangers à ce petit coin de Japon, se retrouvent mêlés à cette affaire et devront peut-être choisir leur camp. 



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