Avec Maleficus (Nouveau Monde éditions, 2007, ISBN 978-2-266-18825-8), la romancière Emma Locatelli nous entraîne à sa suite, à la fin des années 1650, dans une contrée des Ardennes que les jalousies entre villageois et les fanatismes des religieux et des juges vont plonger dans une vertigineuse et irréfrénable chasse aux sorciers et sorcières.
Il n'y a, dans cette histoire, absolument aucun élément surnaturel. Et c'est justement ce qui peut m'intéresser dans un roman. D'une part parce que, pour une fois, c'est une histoire de sorcellerie qui ne tombe pas dans la facilité du surnaturel de troisième série, et d'autre part parce que les mentalités humaines me semblent capables de suffisamment d'extrémités pour qu'il ne soit pas nécessaire de recourir à des créatures surnaturelles pour incarner nos pires dérives. J'ai même tendance à penser que ces penchants les plus noirs sont d'autant plus forts, dans les œuvres de fiction – romans, films, etc. – qu'ils ne sont pas éloignés de nous, par les auteurs, en les faisant porter par des créatures surnaturelles, mais bien en étant ceux d'êtres humains. Un inquisiteur me fait largement plus froid dans le dos qu'un loup-garou.
Et dans Maleficus, Emma Locatelli n'hésite pas à en mettre, des penchants humains extrêmes. Au point qu'elle nous concocte une cuisine qui en devient trop lourde. Le juge est forcément un fanatique jusqu'au-boutiste, le curé est forcément torturé par les pensées de péché de chair, le médecin est forcément un athée enragé, les paysans sont forcément veules, et le personnage central du roman est forcément un esprit ouvert, redresseur de torts, mais avec un lourd secret.
Pour un roman, ça fait beaucoup. Trop, même. Mais pour un scénario de JdR, ça peut faire une matière première intéressante :
- des évènements bizarres, des morts inexpliquées, des rancœurs de longue date, dans le cadre d'un petit village ;
- des personnages aux caractères bien tranchés, archétypaux, qui les rendent faciles à incarner et à faire vivre ;
- une trame qui mettra les PJ face à une implacable machine judiciaire et religieuse qui nourrit les haines et broie les faibles.
Comme je l'ai écrit plus haut, il me semble que cette intrigue prendra plus de force si elle est transposée dans un jeu de rôle dont l'univers n'a pas de composante surnaturelle explicite. Se mettre en travers d'une chasse aux sorciers quand les « sorciers » n'ont, justement, rien de sorciers, me paraît constituer un enjeu plus intéressant quand si ce sont de « vrais » jeteurs de sort.
Adapter cette trame à des JdR « historiques » dans un contexte où l'arbitraire règne en maître tant dans le pouvoir judiciaire que dans le pouvoir religieux est donc, à mes yeux, une perspective plus riche que les autres. Par exemple pour Capitan Alatriste, avec le formidable opposant que représente l'Inquisition espagnole. Ou encore pour Te Deum pour un massacre, où les fanatiques religieux ne manquent pas.
Mais des MJ plus férus que moi de jeux à univers fantastique trouveront sûrement des moyens d'adapter la trame de ce roman à leur jeu préféré, de Warhammer (avec ses répurgateurs) au Livre des cinq anneaux (avec sa chasse aux maho tsukai) en passant par Dogs in the Vineyard (et ses Cerbères de la Foi) ou Dark Heresy (et son Inquisition).
Et dans Maleficus, Emma Locatelli n'hésite pas à en mettre, des penchants humains extrêmes. Au point qu'elle nous concocte une cuisine qui en devient trop lourde. Le juge est forcément un fanatique jusqu'au-boutiste, le curé est forcément torturé par les pensées de péché de chair, le médecin est forcément un athée enragé, les paysans sont forcément veules, et le personnage central du roman est forcément un esprit ouvert, redresseur de torts, mais avec un lourd secret.
Pour un roman, ça fait beaucoup. Trop, même. Mais pour un scénario de JdR, ça peut faire une matière première intéressante :
- des évènements bizarres, des morts inexpliquées, des rancœurs de longue date, dans le cadre d'un petit village ;
- des personnages aux caractères bien tranchés, archétypaux, qui les rendent faciles à incarner et à faire vivre ;
- une trame qui mettra les PJ face à une implacable machine judiciaire et religieuse qui nourrit les haines et broie les faibles.
Comme je l'ai écrit plus haut, il me semble que cette intrigue prendra plus de force si elle est transposée dans un jeu de rôle dont l'univers n'a pas de composante surnaturelle explicite. Se mettre en travers d'une chasse aux sorciers quand les « sorciers » n'ont, justement, rien de sorciers, me paraît constituer un enjeu plus intéressant quand si ce sont de « vrais » jeteurs de sort.
Adapter cette trame à des JdR « historiques » dans un contexte où l'arbitraire règne en maître tant dans le pouvoir judiciaire que dans le pouvoir religieux est donc, à mes yeux, une perspective plus riche que les autres. Par exemple pour Capitan Alatriste, avec le formidable opposant que représente l'Inquisition espagnole. Ou encore pour Te Deum pour un massacre, où les fanatiques religieux ne manquent pas.
Mais des MJ plus férus que moi de jeux à univers fantastique trouveront sûrement des moyens d'adapter la trame de ce roman à leur jeu préféré, de Warhammer (avec ses répurgateurs) au Livre des cinq anneaux (avec sa chasse aux maho tsukai) en passant par Dogs in the Vineyard (et ses Cerbères de la Foi) ou Dark Heresy (et son Inquisition).
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Et sur du Ars Magica, ça le ferait ? Justement en mettant des magiciens face à un truc qui se prétend être magique mais en fait n'en est pas...
RépondreSupprimerSinon je le verrai bien aussi sur du Salomon Kane.
Je ne connais pas assez bien Ars Magica, que j'ai très peu pratiqué, pour répondre à ta question.
RépondreSupprimerEn revanche, ça colle très bien avec du Solomon Kane, en effet.
Si c'est pas beau le hasard !!!
RépondreSupprimerJ'ai commencé Les piliers de la Terre il y a une semaine et j'ai reçu mon exemplaire de Tenga il y a deux jours :-)