mardi 1 février 2011

La foire d’empoigne

 
Puisque je l’ai récemment promis, c’est sans attendre que je vais vous présenter une autre inspiration que j’ai trouvée, il y a bien des années, dans l'œuvre d’Ellis Peters, avec son roman La foire de Saint-Pierre (Saint Peter's Fair), paru en 1981, et son adaptation pour la série télévisée britannique pour ITV Cadfael, (13 épisodes en 4 saisons, aux premières diffusions entre 1994 et 1998), dont il constitue le 2e épisode de la 3e saison, réalisé par Herbert Wise.



Ce roman a pour contexte la même période troublée qu’Un cadavre de trop, autre roman d’Ellis Peters, objet de mon précédent billet : la guerre civile entre Stephen et Maud pour s’asseoir sur le trône du défunt Henry I d’Angleterre. L’aventure s’ouvre sur la foire de Saint-Pierre, un des saints patrons de l’abbaye de Shrewsbury, le monastère qui est au cœur de toute la série de ces romans du frère Cadfael. Comme toutes les foires médiévales, cette foire de Saint-Pierre est un moment économique fort de l’année ; mais, en cette période de guerre, les marchands venus commercer ne sont pas très enclins à contribuer financièrement, par des taxes commerciales, à l’effort de reconstruction des murailles de Shrewsbury.



Mais quand, après une rixe entre marchands forains et locaux, un commerçant de Bristol est retrouvé mort et que le fils du prévôt de la ville est le premier suspect de son meurtre, l’affaire devient plus grave. Et frère Cadfael doit mener l’enquête, bien sûr ! Et quand un deuxième marchand est tué, l’intrigue prend une nouvelle tournure, plus complexe.
Car si la foire est une occasion de mener des affaires commerciales, elle est aussi propice aux rencontres entre des gens qui ont d’autres affaires à mener, plus politiques. Entre l’espion d’un prince gallois qui voudrait trouver des informateurs de ce côté-ci de la frontière, les envoyés de l'impératrice Maud cherchant à négocier des soutiens de seigneurs locaux, et les agents de Stephen tenant absolument à mettre la main sur une liste de prétendus soutiens du roi qui sont, en réalité, des partisans de Maud, le chassé-croisé est sournois et sans pitié.



Autant dire que, là encore, c’est une intrigue presque clé en main que ce roman offre aux rôlistes. Le cadre de départ est assez simple à mettre en place, avec cette foire et ces tensions entre marchands locaux et forains, et il offre la possibilité d’impliquer dans l’aventure des PJ qui relèvent d’archétypes parfois sous-employés en JdR : par exemple, un marchand ventripotent sans aucun don pour le combat, un moine qui ne soit pas obligatoirement un vétéran des croisades, etc. Il ne reste qu’à glisser, au milieu des marchands, les intrigants des différentes factions, sous leurs diverses couvertures correspondant aux possibilités de l’univers d’adaptation (négociants, colporteurs, mariniers, charretiers, nobles en pèlerinage, etc.).
Suivant la profondeur que le scénariste souhaite donner à l’intrigue et, bien sûr, en fonction de l’univers du jeu, il doit doser le rang des chefs des factions impliquées qui tirent les ficelles dans l’ombre. Dans le roman, il s’agit ni plus ni moins que des deux prétendants au trône du roi d’Angleterre. Mais, dans un autre genre d’univers, il peut s’agir des services secrets de deux pays en guerre froide, de chefs de gangs urbains ennemis, ou encore de caciques de tribus rivales.

Voilà du prêt-à-cuisiner. Le roman fournit la recette, et il ne reste au scénariste qu’à en adapter les ingrédients à la gastronomie de son univers préféré, à en doser les épices, et à déguster l’ensemble avec les convives de son choix.

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